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A complete Unknown + Better Man
S'il y a de quoi faire une indigestion de biopics depuis quelques années, peu sont ceux à être vraiment sortis du lot. Par chance, les deux sortis en ce début d'année viennent se placer en haut du classement, dont un en particulier.
On ne compte plus les biopics depuis le succès de Bohemian Rhapsody, entre le très fade Bob Marley : One Love, l'épileptique ELVIS ou les récents Back to Black et M. Aznavour. Parmi ceux là, seul Rocketman (dont le film traitait d'un artiste qui m'importait assez peu pour être honnête) a su trouver grâce à mes yeux, de par sa narration et sa mise en scène originale, éclatante voir parfois onirique.
Je repense à cette scène de piano où Elton John s'envole tout en jouant, montrant son ressenti et se permettant des effets bien plus intéressants et bien plus parlants qu'une simple histoire racontée sans âme.
Fin Janvier sont donc sorti deux biopics :
Celui-ci reprend une trame plus classique mais a le mérite de ne pas essayer de raconter la vie entière de Bob Dylan sur deux heures pour se concentrer sur la courte période où l'artiste est devenu connu, entre 1961 et 1965. Ça pourrait être l'épisode 1 d'une série de biopics sur lui puisqu'il y a évidemment beaucoup à raconter après, mais se limiter à cette courte période permet de mieux la raconter et de vraiment se concentrer sur ce qui est essentiel.
On y retrouve son arrivée à New-York, sa rencontre décisive avec Pete Seegers (joué par Edward Norton qui a l'air d'avoir vieilli pour la première fois de sa vie), ainsi que ses rencontres avec Joan Baez et Johnny Cash, les deux acteurs livrant une super interprétation (c'est la deuxième fois que James Mangold met en scène le chanteur puisqu'il avait déjà réalisé le film Walk the Line en 2005).
Mention spéciale pour Monica Barbaro et Timothée Chalamet (dont je n'étais pas particulièrement fan jusqu'ici) qui interprètent Joan Baez et Bob Dylan et qui incarnent leur rôle à merveille, d'autant plus que les deux acteurs ont chanté absolument chacune des chansons du film. La BO se compose uniquement de leurs intépretations et il faut reconnaître qu'ils offrent une excellente peformance vocale en imitant au mieux le duo d'origine.
Les biopics ont au moins le mérite, même quand ils ne sont pas particulièrement réussi, de livrer souvent d'incroyables prestations (Bohemian Rhapsody : film pas ouf mais un Rami Malek au top), et c'est le cas ici avec Timothée Chalamet qui a toujours eu un jeu très juste mais très plat. Ce rôle là ne lui demande pas d'en faire plus avec la personalité timide et réservée du chanteur, mais son investissement se ressent et il se fond dans la peau de l'artiste avec brio, et qui plus est donc, en allant jusqu'à jouer de la guitare et de l'harmonica et à chanter à sa place. Clairement sa meilleure performance à ce jour.
Comme pour Elton John, je n'ai jamais éprouvé d'interêt particulier pour Robbie Williams. Tout au plus avais-je entendu ses chansons à la radio, mais je ne l'avais jamais écouté de moi-même.
C'est donc sans attente particulière mais néanmoins avec de la curiosité que je suis allé voir Better Man, projet insolite où le chanteur se voit incarné par un singe numérique alors qu'il est lui-même rattaché au projet puisqu'il en est le narrateur.
C'est là la première différence avec les autres biopics : le film est raconté par l'artiste lui-même, et ça change tout. Tout, car ce n'est pas la vision de quelqu'un d'autre, ce qui rend le projet éminemment plus personnel, ce qui se révèle être une des plus grandes qualités du film.
L'autre point fort du long-métrage est que Robbie Williams nous raconte son histoire avec autant d'humour que d'émotion (peut-être davantage d'émotion d'ailleurs, comme en attestent les quelques larmes que je n'ai pu retenir à la fin).
De ses regrets à ses réussites, tout y passe avec une rare sincérité, et on a jamais le sentiment qu'il veuille se faire plaindre lors des moments un peu tristes, au contraire même, on a l'impression que c'est une façon d'assumer ses erreurs du passé avec honnêteté et d'avancer.
Ce côté très personnel du film ne pourrait à priori ne parler qu'à lui mais la narration et l'écriture nous implique dans sa vie dès son plus jeune âge et nous attache très vite à ce jeune garçon dont la relation avec son père expliquera une bonne partie de sa vie.
En fait, le fim n'aurait pas été un biopic mais une pure fiction que l'histoire méritait quand même d'être racontée, tant elle bien écrite et digne d'interêt, d'autant plus quand elle est sublimée par une mise en scène explosive.
Car le showman ne délaisse pas son public et n'a pas oublié d'en faire un vrai spectacle.
Le film est la seconde réalisation de Michael Gracey après The Greatest Showman, une comédie musicale que je n'avais pas aimé mais qui ne manquait pas de panache et le réalisateur semblait donc tout indiqué pour ce nouveau projet comme il vient de le prouver.
Car s'il faut le rappeler, Better Man est bien une comédie musicale, avec tout ce que ça implique, et à part La La Land, c'est en général loin d'être ma came. Les chansons semblent toujours sorties de nulle part, et c'est parfois plus gênant qu'autre chose.
Ici, chaque chanson de l'artiste vient accompagner une scène qui fait écho aux paroles, et on croirait toutes les titres composés pour le film tant ils y ont leur place. Rien de surprenant finalement, si Robbie Williams écrit ses propres chansons, il y met ce qu'il a sur le coeur et cela rejoint forcément son expérience de vie que l'on retrouve à l'écran. A noter également que les chansons ne sont pas reprises telles quelles et plaquées bêtement sur telle ou telle scène mais ont été ré-enregistré et ré-orchestré pour y intégrer l'émotion qui va avec et correspondant à tel passage du film. Le premier morceau, le seul qui n'est pas inteprêté par Robbie Williams lui même puisque c'est sa version enfant qui la chante nous émeut dès les premières paroles. Un vrai travail qui montre l'implication de vouloir en faire un vrai projet artistique et pas juste un biopic de plus.
Quant au singe en lui même, si ça peut sembler être au premier abord le concept du film, il n'en est finalement rien car on l'oublie très vite tant il se fond bien parmis les humains, de part son regard qui suffit à nous rappeler le chanteur et qui nous donnerait presque l'impression de le voir et par la qualité du rendu grâce aux effets spéciaux de Weta Digital qui avaient déjà travaillé sur Avatar et... La Planète des Singes.
Le singe reste donc l'originalité de ce biopic mais ne nous en sort jamais.
On a le droit à de très bonnes scènes sur Robbie Williams face à son propre regard, transposé par d'autres versions singes de lui-même jusqu'à un moment clé lors d'un concert qui vient souligner toutes les qualités du film que l'on vient de citer :
La singularité d'une telle scène dans un biopic, les effets spéciaux réussis et la réalisation qui nous en met plein la vue tout en nous impliquant émotionnellement dans ce que vit le chanteur.
Assurément un des meilleurs biopics jusqu'ici, de par sa forme et son originalité, mais aussi pour ce que ça raconte, pour l'émotion et la sincérité qu'il dégage et pour sa mise en scène éclatante.
A noter que l'artiste sera en concert à Paris le mercredi 2 Juillet à La Défense Arena, et ça donne envie d'y aller.
Pokémon : Mewtwo contre-attaque – Évolution
Si l'annonce de ce remake pouvait laisser dubitatif puisqu'il semblait peu utile de refaire le même film en image de synthèse, le résultat est finalement très satisfaisant.
Le rendu des pokémons est parfait, disons le, et si celui des humains pouvait faire peur dans la bande-annonce on s'y habitue finalement assez bien. Rajoutons là dessus des textures toutes plus réussies les unes que les autres, et on obtient un film d'animation qui devient carrément irréprochable de ce côté là.
En revanche, bien que le film en lui même ne change pas du film d'animation original, si ce n'est pour le sublimer, on sera déçu du manque de dynamisme qu'apporte le combat final, ainsi que le manque d'émotion normalement dégagé par celui-ci.
Ici, les combats entre Pokémon consistent à se donner des coups de boule à deux à l'heure, et ce pour quasiment tous les pokémons, ce qui rend le combat à la fois très lent et pas du tout aussi épique qu'on veut nous le vendre, là où il y avait clairement les moyen de bien faire les choses.
A titre d'exemple, quand chaque Pokémon combat son clone, les deux insécateurs s'attaquent, s'esquivent, bref, se combattent tel qu'on a déjà vu des Pokémon combattre, hors les autres ne font quasiment rien, et on ne ressent pas la fatigue et l'épuisement arriver puisque l'on a l'impression dès le début que tout va au ralenti.
On a finalement le droit à un des pires combats de la série, ce qui est tout de même regrettable pour un combat de cette envergure qui est censé marquer.
Certes, le lieu et le contexte le rendent mémorable, mais les mouvements et les attaques sont beaucoup trop pauvres.
De plus, il faut noter la quasi absence de musique sur des scènes importantes qui en auraient eu besoin, que ce soient les scènes de combat qui pâtissent donc en plus de ce défaut, tout comme les scènes émouvantes qui ne le sont plus qu'à moitié ici.
Au final, le film est très agréable à regarder, un réel plaisir pour la rétine tout du long et vient justifier son existence juste pour ce point. Toutes les voix Françaises sont là et le doublage est toujours de bonne facture, comme depuis 20 ans.
On aura beau connaître l'histoire, il ne sera pas difficile de se replonger dedans que ce soit par nostalgie ou pour découvrir.
Dommage que la deuxième partie du film ne soit pas autant réussie, la faute à une mise en scène qui n'avait rien à se reprocher sur la première moitié mais qui devient très pauvre sur la deuxième, tout comme sa bande originale.
Ça ne vous laissera pas un mauvais souvenir loin de là, sauf peut-être si vous cherchiez l'émotion du dessin-animé qui peine à être retranscrite ici, mais tout le reste vaut le coup d'oeil, et si vous n'avez jamais vu le film original alors vous ne pourrez qu'apprécier ce remake, et il était tellement bien fait qu'on ne serait pas contre réitérer l'expérience avec le remake des films qui ont suivi.
Creed II
Après le très bon Creed, qui était à la fois une très bonne suite des Rocky et qui apportait un vent de fraîcheur tout en respectant son univers, Creed II se veut comme sa suite, mais aussi et surtout celle de Rocky 4.
Malheureusement, si cette suite n'est pas pire que ce dernier (du à un mauvais goût des années 80), le film reste plutôt décevant et peut-être même le plus mal écrit finalement.
Très centré sur son personnage principal et ses relations, le film alterne entre boxe et famille, comme ont su le faire les Rocky, mais cette fois-ci avec un côté cul-cul et gnangnan, et autres mots a double syllabe rigolos.
Creed avance dans sa relation et sa vie mais ce n'est finalement pas très intéressant à regarder, si bien qu'il n'est pas difficile de se surprendre à s'ennuyer.
En ce qui concerne l'histoire en elle-même, si
elle est intéressante de par son côté historique et tous les enjeux que le match soulève, tout se déroule tel qu'on est en droit de se l'imaginer et il n'y a absolument aucune surprise à l'horizon. Le déroulement du film se fait de façon des plus logique, mais aussi et malheureusement des plus prévisibles et donc sans réel intérêt.
Tous les éléments de l'entraînement jusqu'au combat sont là, dans le bon ordre, comme si il fallait juste refaire ce qui a déjà été fait. Et c'est dommage, car après 7 films, on commence à connaître la recette, et force est de constater qu'ici elle ne marche plus. Tout est attendu, ce qui en fait un film sans prise de risque et parfois caricatural. Je ne demande pas des retournements de situation incroyable, mais quand on a un sentiment de déjà vu, c'est que c'est raté. Alors qu'avec tous les films précédents, on peut en avoir mais il y a toujours un élément nouveau ou quelque chose qui fait que le film a son identité et même si la construction peut rester semblable, le plaisir lui, reste intacte.
Ici, rien de neuf à l'horizon, et à vouloir remettre en avant une ancienne intrigue, on se retrouve avec un film dont l'idée n'est pas idiote mais qui se perd en ne proposant rien de nouveau et en sous exploitant l'adversité des deux équipes qui auraient dû faire naître une tension qui ne trouve jamais sa place. On comprend tout ce qu'il y a en jeu, mais on ne ressent rien. Plutôt regrettable pour un film qui mise tout là-dessus.
Au final, le film se regarde quand même, mais uniquement grâce à ses personnages principaux que l'on a toujours plaisir à suivre malgré tout et à son contexte historique qui donne envie de voir la confrontation, mais qui ne donnera pas la satisfaction espérée.
On enlève le nom de Rocky ou de Creed et on remplace les personnages, on a un film basique, plat, avec une construction prévisible au possible et avec tout ce dont on est en droit de s'attendre en allant voir un mauvais film de boxe.
Un peu dommage après les deux très bons Rocky Balboa et Creed, qui avaient pris leur temps mais pour bien faire les choses.
Bohemian Rhapsody
Malgré un début un peu compliqué du à un manque flagrant de subtilité, Bohemian Rhapsody s'en sort de mieux en mieux pour nous emmener sur une fin explosive qui ravira tous les fans du groupe.
Le début du film enchaîne clins d'oeils poussés et mécaniques grossières, montrant de vraies faiblesses d'écriture, parfois même de jeu, et donnant un tout plutôt maladroit qui saura néanmoins s'affiner petit à petit.
Le film reste à la surface des choses et fait abstraction de beaucoup d'autres, et même s'il paraît difficile de tout raconter en un film, il aurait peut-être été préférable de moins s'attarder sur certaines intrigues ou relations pour faire le tour de certaines autres oubliées dans le film. Même s'il s'agit sans doute là plus d'un choix que d'un oubli.
Produit en partie par Brian May et Roger Taylor, il était légitime de douter sur le parti pris du film, et même si le tout reste assez lisse, on notera que le long-métrage ne fait pas que l'éloge de Freddie Mercury, nous montrant le chanteur autant dans son génie que dans ses excès, oscillant bien souvent entre orgueil et égoïsme.
Pour finir, Rami Malek s'en sort plus que bien dans le rôle d'un Freddie Mercury mal dans sa peau avant de clôturer le film avec un certain concert du Live Aid, retourné pour notre plus grand plaisir et qui saura convaincre tout le monde par son efficacité, étant sans aucun doute le point culminant du film. Une fin qui laisse donc le spectateur sur une note positive, malgré les quelques faux pas qu'a pu faire le film auparavant.
On retiendra également la phrase : "Bohemian Rhapsody ne sera jamais le genre de chansons que les ados écouteront en voiture."
Réplique prononcée par un certain... Mike Myers.
Jean-Christophe & Winnie
Certaines personnes risquent d'être surprises par l'ambiance de ce film, qui s'y on n'y jette qu'un rapide coup d'oeil semble être un film pour enfants, comme tout bon Winnie l'ourson.
Mais sans être un film pour adulte, ce film profondément familial s'adresse avant tout à ceux qui ont grandi avec Winnie. Le premier long-métrage datant de 1977, plusieurs générations peuvent donc s'y retrouver avec la même émotion.
Car "émotion" est bien le mot qui caractérise ce film. Disney nous offre ici un long-métrage rempli de poésie et empli d'une nostalgie qui fera couler une larme à tous les spectateurs qui retrouvent leurs vieux amis en même temps que Jean-Christophe.
Sans être aussi extravaguant (même l'inverse), Jean-Christophe et Winnie nous rappelle Hook à bien des égards : Le garçon qui grandit, devient adulte et oublie l'enfant qu'il a été, devenant trop sérieux et délaissant même sa famille pour son travail.
La comparaison s'arrête ici, mais on remarque donc qu'il s'agit finalement du même exercice de style sur des univers différents.
Ici, l'approche est loin d'être aussi dynamique et entraînante que Hook, mais bien plus mélancolique et certainement tout aussi poétique, à sa manière.
Une mélancolie qui ne quitte jamais le film, ni même les personnages, notamment les peluches nostalgiques d'une époque où Jean-Christophe venait jouer avec eux.
Au final, tout l'ensemble peut sembler un peu triste et morose, ce qui peut paraître comme un défaut mais si vous demandez à Bourriquet, vous saurez alors trouver de la beauté là où il y a parfois de la tristesse.
C'est là que se distingue le film d'un Disney classique. Plus sombre, plus osé finalement, puisqu'on aurait pu avoir le droit à une autre aventure de Winnie et ses amis telle qu'on les connait, Disney prend ici le parti de s'adresser non pas aux enfants, du moins pas directement, mais aux enfants qu'ont été ces jeunes adultes que nous sommes pour qui le film résonne plus que pour n'importe quelle autre personne qui y verra un film familial parmi d'autres.
Tous les avis sont subjectifs, et le mien l'est encore davantage puisque je peux difficilement être plus la cible du film : j'ai grandi avec Winnie sans doute plus que n'importe qui, et j'ai toujours une part de moi qui n'a jamais vraiment grandi et qui a une très (trop) grosse part de nostalgie de l'enfance. Alors évidemment, si le film était réussi, je ne pouvais que l'apprécier davantage, et ma critique est donc en conséquence.
De plus, Ewan McGregor est un acteur que j'affectionne particulièrement et il est donc appréciable de le retrouver ici, car une telle gentillesse émane de lui en permanence qu'il ne peut que correspondre à ce rôle plein de tendresse.
Un mot sur l'apparence des personnages avant de finir : je dois avouer que les premiers visuels de Winnie et ses amis m'avaient un peu déconcertés, loin de l'image que l'on a du dessin animé, mais je les trouve finalement très réussis, plus proches de vraies peluches d'époque et qui collent avec l'univers réaliste dans lequel ils évoluent. De plus, ils sont tous très soignés, la texture de chacun étant très travaillée, comme le détail des tissus et autres petites peluches.
Notons également le plaisir de retrouver Patrick Préjean dans le rôle de Tigrou et Jean-Claude Donda dans celui de Winnie qui fait tout à fait honneur à Roger Carel.
Pour conclure, Jean-Christophe & Winnie est un film qui se démarque par ce ton particulier, son côté parfois contemplatif et assurément mélancolique. Un film qui saura néanmoins plaire à tout le monde, car c'est avant tout une belle histoire à voir en famille de préférence.